Auteur : Raphaël Bijard
Date : 25 novembre 2018
Abstract:
Hugh of Beauvais loyal to king Robert II was count palatine until his murder in 1008. Kinsman to Roger of Blois and Helvise of Pithiviers, Hugh of Beauvais was indeed a member of the potent house of Blois. The current publication aims at identifying its parental origins based on the scarce evidence left. The honores he endorsed and the places where he played a major role provide useful information about these origins but also give an insight about the lordship he was about to build.
Résumé :
Hugues de Beauvais, fidèle du roi Robert II, fut comte palatin jusqu'à son assassinat en 1008. Parent de Roger de Blois et d'Helvise de Pithiviers, Hugues de Beauvais était bien un membre de la puissante maison de Blois.Le présent article propose d’identifier ses origines parentales sur la base des rares preuves laissées.Les honores qu'il a endossés et les lieux où il a joué un rôle prépondérant fournissent des informations utiles sur ses origines et donnent également un aperçu de la seigneurie qu'il était sur le point de bâtir.
Mots-clés : Robert II le Pieux ; Hugues de Beauvais (comte du palais) ; Hugues de Blois ; Roger de Blois (évêque de Beauvais) ; Héloïse de Pithiviers ; Comtes de Blois et de Chartres ; Abbaye de Coulombs (Eure-et-Loir) ; Châtellenie de Nogent (Eure-et-Loir) ; Comté de Dreux (Eure, Eure-et-Loir, Yvelines) ; Église d’Orléans ; Tour maîtresse de Pithiviers (Loiret) ; Château d’Ivry (Eure) ; Gouvernement royal (Xe-XIe siècle)
Keywords : Robert II the Pious ; Hugh of Beauvais (Count of the Palace) ; Hugh of Blois ; Roger of Blois (bishop of Beauvais) ; Helvise of Pithiviers ; Counts of Blois and Chartres ; Abbey of Coulombs (Eure-et-Loir) ; Castellany of Nogent (Eure-et-Loir) ; County of Dreux (Eure, Eure-et-Loir, Yvelines) ; Orleans Church ; Palace Tower of Pithiviers (Loiret) ; Castle of Ivry (Eure) ; French royal government (10th – 11th century)
Le titre de comte palatin ou comte du palais fut remis à l’ordre du jour par les derniers Carolingiens pour faire contrepoids à celui de Duc des Francs porté par Hugues le Grand puis son fils Hugues Capet[1]. Le roi Lothaire fait de Herbert III dit le Vieux, un Vermandois, son comte du palais à la fin des années 960. A la mort de Herbert, vers 982, son héritage est partagé entre ses neveux. Et c’est Eudes Ier de Blois, fils de Lietgarde de Vermandois, fidèle de Lothaire, qui reçoit le comté de l'Omois (Château-Thierry), l’abbatiat laïc de Saint-Médard et le titre de comte du palais. Ce dernier meurt début 996 et le titre ne réapparaît pas chez ses descendants directs avant 1024, lorsque son fils cadet Eudes II de Blois, après la longue crise de l’héritage champenois, le récupère après avoir, entre autres, céder ses droits comtaux sur Reims[2]. Que s’est-il passé entre temps ? On voit le titre porté entre 997 et 1008 par Hugues de Beauvais, un courtisan fidèle au roi Robert le Pieux. Entre 1008 et 1022, si le titre n’apparaît plus explicitement, on remarque que Roger de Blois, ancien chancelier de la Cour, est resté un proche du roi et qu’il est évêque de Beauvais depuis l’an 999. Il intervient aussi, comme Hugues de Beauvais, dans une même zone géographique, à Dreux et un peu plus au sud, à Nogent et à Coulombs. Nous affirmerons plus bas le lien de parenté entre les deux hommes. Enfin, nous savons par une charte conservée, qu’Héloïse de Pithiviers est sœur de Roger de Blois.
Les historiens ont eu du mal à appréhender le personnage de Hugues de Beauvais. D’autant plus que nous savons qu’il ne peut être rattaché directement à Eudes Ier de Blois (en particulier, il ne peut être chronologiquement son fils comme cela a été mainte fois démontré[3]). Malgré la difficulté, un autre écueil a pu apparaître, en laissant entendre que le personnage n’était qu’un fidèle courtisan aux origines obscurs. Le raisonnement ne tient pas. Entre Eudes Ier et Eudes II, le titre prestigieux, même s’il devient de plus en plus symbolique, ne peut être donné à un homo novus ou à ses proches, si celui-ci n’a ni parentèle, ni légitimité. Il nous faut donc prendre du recul pour tenter de résoudre la question, et revenir à ce qu’on sait de la famille des Thibaldiens, ces puissants comtes de Blois puis de Champagne.
[1] Sassier, 1987 (se reporter à la section Bibliographie en fin d’ouvrage pour le détail des références).
[2] Bur, 1977.
[3] En particulier, Lemarignier, 1976, p. 449-451.
Thibaud Ier dit le Tricheur, fut comte de Blois, de Chartres et de Châteaudun jusqu’à sa mort, autour de l’année 976. Il était aussi vicomte de Tours. Il épousa Lietgarde de Vermandois qui apporta comme dot le comté de Provins.
Son frère Richard fut archevêque de Bourges de de 955 à 969. Thibaut, lui-même mettra son fils cadet, Hugues, en position de récupérer cette charge après la mort de son oncle.
Ce contrôle par les Thibaldiens de cet évêché pendant 30 ans, explique certainement l’implantation de ceux-ci à Saint-Aignan-sur-Cher, Vierzon, La Chapelle-d’Angillon et Sancerre[1] – implantation favorisée par clientélisme ou même par aliénation du fisc de l’église berrichonne.
C’est le fils aîné, prénommé aussi Thibaud, qui récupérera les comtés devenus héréditaires. Mais celui meurt vers 960-962, alors qu’une guerre difficile a lieu avec la Normandie, allant de l’Évrecin aux confins de la Bretagne[2], et touchant aussi la province de Sées et ce qui deviendra le Perche.
Nous n’avons aucun élément détaillé nous permettant d’apprécier, comment cette mort prématurée redistribua les cartes chez les enfants de Thibaut le Tricheur. Mais c’est un autre cadet, Eudes Ier, qui récupérera l’héritage principal. Hugues de Blois (mort en 985), plus âgé qu’Eudes (mort en 996) si on analyse les sources, reste en attente de la libération de l’archevêché et sans doute récupèrera auparavant d’autres bénéfices de moindre importance.
Hugues de Blois, comme beaucoup de prélats de l’époque, mêla carrière laïque et clérical. Il est vraisemblable qu’il ait eu une épouse ou une concubine pendant le long laps de temps avant son accession au siège berruyer en 969. Détail sur lequel ne s’attardent jamais les sources ecclésiastiques contemporaines.
Quant à Eudes Ier, rappelons qu’il épousa vers 978-980, Berthe de Bourgogne et qu’il en eut au moins deux fils : Thibaud II et Eudes II. Remarquons que le mariage de ce dernier, puis les naissances qui suivent se font avec quasiment une demi-génération de décalage avec la progéniture qu’aurait pu avoir son frère aîné, Hugues.
[1] L’origine des ancêtres des Thibaldiens remonte peut-être à une alliance entre Rorgonides et Bosonides à Bourges au tournant des IXe et Xe siècles. Les anthroponymes Richard et Thibaud sont caractéristiques. Le nomen Hugues peut aussi en partie s’expliquer par l’origine Bosonide.
[2] Sassier, 1987.
L’abbaye de Coulombs dans l’Eure-et-Loir est une possession robertienne. D’après un document[1]hélas perdu, Hugues le Grand, aurait remis l’établissement avec le domaine proche de Nogent à un nommé Hugues dit l’Abbé. Cela se passerait donc avant 956. Les réminiscences de ce document écrit dans un contexte bléso-chartrain nous laissent sur notre faim et nous devons extrapoler. D’abord, le nom « Hugues l’Abbé » porte à confusion. Il y a plusieurs personnages de ce nom, dont le célèbre Welf qui œuvra au IXe siècle. Disons simplement qu’un personnage nommé Hugues obtint l’abbatiat laïc de ce monastère. Enfin, c’est surtout après 956, à la minorité de Hugues Capet, que dans la province de Chartres, Thibaud Ier put s’émanciper et favoriser ses proches et fidèles.
Finalement nous formulerons puis analyserons l’hypothèse suivante : avant la fin des années 950, Thibaud le Tricheur avait obtenu pour son jeune fils Hugues de Blois, destiné à une carrière épiscopale, l’abbatiat laïc et donc l’avouerie d’une abbaye de Coulombs alors en sommeil, avec l’accord des Robertiens et des comtes de Dreux - Coulombs et Nogent étant dans le pagus Dreugésin. Ce qui permettait aux Thibaldiens de pousser leur zone d’influence au nord de Chartres.
[1] Merlet, 1864.
L’hypothèse précédente étant assumée, il en découle pour Hugues de Beauvais, l’évêque Roger et Héloïse de Pithiviers[1], dont on retrouve le beau-fils Isembart à Coulombs ou à Nogent, d’être identifiés comme des descendants très vraisemblables de Hugues de Blois.
Hugues de Beauvais et le futur roi Robert le Pieux sont donc quasiment de la même génération et on situera la naissance du premier au plus tard en 970.
Le cadet de cette fratrie, Roger est naturellement destiné à une carrière cléricale. Son bon niveau d’instruction lui permettant de démarrer jeune son cursus au sein de la chancellerie capétienne.
La fille Héloïse pourra prétendre à une bonne dot pour son mariage, telle sa grand-mère paternelle.
Nous ne savons rien de la femme ou concubine de Hugues de Blois. On peut s’inspirer de Christian Settipani et vouloir la rattacher à une lignée des Bassigny issue de Roger de Laon[2] : comme cette Helvise, fille de Roger II et nièce d’Odalric, archevêque de Reims. Remarquons cependant que le fils aîné porte bien le même prénom que son père et cela est déjà significatif en termes de transmission agnatique. Enfin la désignation « de Beauvais » montre que cette branche collatérale a également joué un rôle dans ce comté qui appartenait également aux Thibaldiens.
Récapitulons dans un tableau généalogique le propos de notre thèse :
[1]Dion, 1895, est le premier à identifier cette fratrie, suivi par le chanoine Chaume, Les Origines du Duché de Bourgogne, p.482. Mais en l’absence d’identification du père le rattachement aux Blésois restait inachevé.
[2]Settipani, 2000, p.259-260.
En 985, à la mort de Hugues de Blois, ses enfants sont adolescents, ils ont encore besoin du soutien et de l’intervention d’un chef de famille. Le rôle en revient à Eudes Ier, qui est donc plus qu’un simple oncle. Si nos trois protagonistes apparaissent par la suite comme des pro-Blésois, ce n’est pas à cause d’un rattachement filial direct à Eudes Ier, mais bien parce qu’ils sont au cœur de cette maison thibaldienne : ce sont les petits-enfants de Thibaud Ier le Tricheur, ce sont les enfants d’un frère aîné du comte de Blois. Leur prise de position politique, leur carrière comme leurs richesses découlent de ce statut inné important.
Hugues de Beauvais est donc l’aîné mais en plus il a su nouer une relation particulière avec le roi. Sa séniorité par rapport au futur Robert II ne doit pas être exagérée. Avant d’être son fidèle courtisan, il était « considéré » par le jeune prince comme son educator. Cette expression latine issue d’un acte rédigé à l’origine vers 989[1] mais réécrit dans le courant du XIe siècle[2] doit être interprétée avec précaution. Le maître et pédagogue de Robert le Pieux est Gerbert d’Aurillac, le célèbre écolâtre de Reims[3]. En revanche, pour les arts de la guerre et de l’équitation, le prince et d’autres jeunes aristocrates se constituaient alors en groupe homogène pour partager et apprendre ensemble. Hugues de Beauvais pouvait être l’aîné du groupe qui entoura Robert. Son charisme et son ascendant sur le jeune prince firent le reste.
A partir de 988, une partie de ce groupe suit Robert quand il est roi désigné auprès de son père. Se constitue apparemment[4] un « Conseil » qui entoure l’héritier avec : un vieux fidèle de Hugues Capet, Bouchard de Vendôme et de Corbeil ; le neveu par alliance de Bouchard, Ansoud II de Paris ; Hugues, vicomte de Meulan ; notre protagoniste, Hugues de Beauvais appelé parfois Hugues de Dreux. Roger de Blois intègre lui la chancellerie royale.
Ce quatuor au Conseil constitue un équilibre politique, avec les deux derniers qui représentent la tendance pro-blésoise et les deux premiers qui drainent avec eux le réseau des fidélités ou des alliances avec la famille que Depoin[5]appelle Le Riche et surtout avec le clan de l’Anjou, rival de Blois.
Pendant ce temps, l’ambitieux Eudes Ier de Blois, comte du palais en titre, enrage notamment de ne pas être le numéro deux effectif de la nouvelle Cour capétienne, rôle qu’incarne alors Bouchard. De l’affaire de Melun (991) à sa mort (mars 996), un conflit permanent va l’opposer à Hugues Capet et ses fidèles. Nous ne savons rien de l’attitude de Hugues de Beauvais à l’époque. Néanmoins c’est durant ce conflit que Hugues Capet va investir Guillaume du Hainaut[6] du futur site de Montfort-l’Amaury pour le fortifier face aux villes sous influence chartraine de Dreux, Epernon et Nogent.
Le roi se montre prudent voire vindicatif à la mort du comte de Blois. Il est pertinent d’avancer que la reconduction du titre palatin à ses héritiers directs – encore jeunes – n’était pas à l’ordre du jour.
La mort de Hugues Capet quelques mois après (octobre 996) bouleverse la donne vis-à-vis du lignage blésois. Robert II s’était entre-temps entiché de Berthe de Blois, la veuve d’Eudes Ier. Très vite il voudra officialiser son union avec la comtesse. Il se déclarera aussi le protecteur de ses enfants[7] - Thibaut et Eudes (dont il était le parrain).
Le rapprochement du nouveau roi avec la dynastie thibaldienne change la gouvernance du royaume sur de nombreux plans. Pour notre propos, nous situerons vers 997, la dévolution du titre de comte du palais à Hugues de Beauvais. Neveu d’Eudes Ier, ayant gardé l’amitié et la confiance du jeune roi, cette nomination n’a pas dû faire de difficultés auprès de Berthe et de ses fils Thibaud et Eudes.
Hugues est ainsi le premier des processeres palatii du second roi de la dynastie capétienne. Cette prééminence se voit en temps de paix ou comme en temps de guerre, où il est convoqué à l’ost, à la tête des milites issus des divers honneurs qu’il gère. Ainsi au siège d’Avallon, en 1005, il est le premier des laïcs à signer un acte[8] pour Saint-Bénigne de Dijon, avant le premier comte normand Raoul d’Ivry et avant Bouchard le Vénérable.
Conséquence ou pas, nous voyons ensuite Hugues accumuler d’autres fonctions, en plus de celle de comes palatii[9]. On ne trouve pas toujours de preuves directes concernant ces autres charges, c’est donc en analysant les sources contemporaines ou postérieures que l’on pourra dire qu’il eut les attributions suivantes : gruyer de la forêt d’Yveline, avoué de l’Église d’Orléans, représentant du comte de Dreux (vicomte) et seigneur de Nogent.
Nous regarderons chacun de ces bénéfices en y ajoutant Beauvais où nous pensons qu’il y a eu une continuité du rôle du lignage de Hugues de Blois dans cette cité.
[1] RHGF, X, p. 574 (cf. extrait en Annexe A).
[2] Jules Tardif, Carton des rois, n°240, p. 150.
[3] Riché, 1987.
[4] CSMdC, Depoin, p. 306, en s’inspirant des deux actes (cf. Annexes A et B) mais dont l’un a sans doute influencé l’autre, ce qui rend toute généralisation hasardeuse.
[5] CSMdC, Depoin, p. 306 et sq.
[6] Bijard, 2019, p.11 et sq.
[7] Theis, 1999.
[8] C. St-Bénigne, n°233 (voir aussi Annexe C) ; Bijard, 2021.
[9] Glaber, III, 2.
La forêt des Yvelines fit partie du domaine robertien et donc ensuite du domaine royal. Le roi Robert II le Pieux avait en sa possession à Saint-Léger et son château qu’il aménagea[1] ; lieu idoine qui lui servait aussi de relais de chasse.
A l’époque il y a un bénéfice féodal qui s’attache à la garde, à la protection et aux revenus d’une forêt. Son bénéficiaire se nomme, entre autres, gruyer.
En suivant les travaux d’Adolphe de Dion[2] et quelque part sa méthode régressive qui attribue à Hugues de Beauvais des charges tenues par ses héritiers les Montfort : il serait à la fois gardien du château de Saint-Léger et gruyer d’Yveline. Nous verrons aussi qu’il est représentant du comte de Dreux et que son épouse est peut-être l’héritière d’Epernon. Ce qui lui donnera une aire d’influence sur tout ce coin Ouest du domaine royal.
C’est dans une forêt royale (ici ou à côté d’Orléans) qu’Hugues sera assassiné lors de la funeste partie de chasse royale en 1008.
La fonction de gruyer sera tenue ensuite par les seigneurs de Montfort-l’Amaury. Mais avant l’an Mil, à Guiperreux[3], aux confins du fief d’Épernon et de la forêt de Saint-Léger, c’est bien, le comte palatin seul, qui « exhorte » le roi à procéder à une cession de biens pour Saint-Magloire, sans la présence d’aucun membre de la famille de Montfort.
Plus convaincant encore, est le cas d’Épernon. Nous relevons que le monastère local de la Trinité de Seincourt (devenu prieuré Saint-Thomas) fut fondé par un Hugo avant le XIe siècle[4]. Mais par la suite le site d’Épernon devient un bénéfice des Montfort. Le Continuateur d’Aimoin de Fleury précise bien que Guillaume de Hainaut (père d’Amaury Ier de Montfort) fortifia Épernon[5] sous le roi Robert II, confirmant une continuité entre les deux groupes familiaux.
En revanche nous ne suivrons pas une autre hypothèse d’Adolphe de Dion[6] qui proclame que Guillaume de Montfort récupèrera ce bénéfice en épousant la fille de Hugues - vu l’écart d’âge il serait plus réaliste de parler de sa veuve. En tout cas, c’est ce même Continuateur d’Aimoin qui nous met sur la voie en parlant de la dame de Nogent (le Roi) qui s’unit avec Guillaume.
Constatons à ce stade que Hugues de Beauvais n’avait pas eu d’héritier masculin.
[1] Il fit édifier l’église (Helgaud).
[2] Dion, 1878, 1895 (p. 162-166), 1905.
[3] Cf. l’acte reproduit en Annexe A ; Guiperreux, cne d’Hermeray, Yvelines.
[4] Dion, 1878, 1895.
[5] Aimoin (voir aussi le manuscrit latin n°12711 reproduit dans Bijard, 2020).
[6] Dion, 1895, p. 180 et 1905, p.9.
Un épisode déjà analysé par les historiens est l’élection en 1004 à l’évêché d’Orléans de Foulque Ier. Elle est entachée de simonie car Foulques a sollicité pour cela l’aide de Hugues de Beauvais qu’il connait, en échange de biens appartenant à l’église Sainte-Croix d’Orléans[1].
Avant la réforme grégorienne, ce rôle de médiation d’un grand laïc est courant. Le privilège obtenu par Hugues est conséquent et renforce sa fonction d’avoué de l’église cathédrale et du chapitre, fonction qui pour nous pouvait préexister sur certains biens du diocèse orléanais.
Remarquons que Foulques était auparavant abbé de Saint-Lucien de Beauvais[2], la connivence entre les deux hommes s’appuie sur une relation d’intérêt et de dépendance établie à Beauvais.
Par la même, Hugues contribua à la rivalité entre l’église d’Orléans et l’abbaye de Fleury-sur-Loire qui marqua le début du XIe siècle. Il reçut du roi l'église de Neuvy-en-Sullias au dépend du monastère.
Notons aussi que Pithiviers était une dépendance de l’église d’Orléans. Nous verrons qu’à la suite de son père puis en relation avec sa sœur, Hugues à jouer certainement un rôle important dans la mutation de ce bénéfice en châtellenie.
Enfin terminons en disant qu’Orléans est la ville royale principale du temps de Robert II. Hugues de Beauvais est le dernier comte palatin qui aura pu exercer certaines missions auliques attachées à son titre : il y en a une qui avait été bien identifiée au temps de Herbert le Vieux et de Lothaire, c’est celle de président du tribunal royal.
[1] Cf. Helgaud: « pro adjutorio sui Hugoni potentissimo Belvacensi ».
[2] Guyotjeannin, 1987.
Au Xe siècle, les Herbertiens récupèrent le titre de comte de Beauvais. Le bénéfice est transmis aux Thibaldiens via Lietgarde, épouse de Thibaud le Tricheur. Ensuite, il a pu être transmis à Hugues de Blois tout en restant dans la vassalité formelle de son frère Eudes Ier. Si c’est bien le cas, ce dernier a pu ensuite ratifier une délégation de ces droits à Hugues de Beauvais. Il n’est pas anodin que ce dernier soit désigné par des contemporains Raoul Glaber et Helgaud de Fleury, respectivement Hugo Belvacencis ou Hugoni Belvacensi. Nous savons aussi que celui-ci a pu posséder des salines dans le Beauvaisis (commune de La Rue-Saint-Pierre)[1].
En 998, à la mort de l’évêque de Beauvais Hervé, alors que la Cour est au sommet de sa période pro-blésoise, c’est Roger de Blois frère de Hugues qui accède au siège épiscopal. Il laisse sa mission de chancelier à Francon - lui-même avait succédé à Renaud de Paris.
L’évêque avait déjà un pouvoir important dans la cité. A eux deux, les frères Hugues et Roger en sont les acteurs dominants.
Après la mort de l’aîné en 1008, Roger est en mesure de revendiquer les droits de son frère en Beauvaisis et en Drouais. Par un processus dont nous n’avons pas les détails qui se déroule sur plusieurs années et jusqu’en 1015[2], où interviennent Eudes II puis le roi, l’évêque réussira non seulement à récupérer la fonction comtale à Beauvais mais aussi de n’avoir plus recours à la vassalité intermédiaire du comte de Blois. Ce dernier ayant eu une compensation en récupérant la seigneurie du château de Sancerre[3]. Ce qui démontre a posteriori que Sancerre appartenait directement à l’archevêque Hugues de Blois pour que ses enfants puissent en disposer dans cette tractation. Quant à Robert le Pieux, son intérêt d’avoir des évêques-comtes, réside dans sa capacité d’intervention régalienne et de contrôle (nous sommes avant la réforme grégorienne) dans les élections épiscopales. Enfin, en laissant Sancerre à Eudes II, le roi pense l’éloigner de Sens[4], objet récurrent des convoitises des comtes de Blois-Champagne.
L’abbaye de Saint-Lucien est alors le monastère le plus chargé d’histoire de Beauvais. Nombreux sont les évêques d’ailleurs à se faire inhumer dans l'abbaye. Vers 1002, au début de l’épiscopat de Roger, des fragments des vêtements de saint Lucien sont « inventés » selon les sources et exposés comme nouvelles reliques aux fidèles. L’abbé en est alors Foulque, le même qui deviendra évêque d’Orléans avec l’appui de Hugues.
Signalons aussi qu’un certain Hugo comes, fut recommandé aux prières des moines de Saint-Lucien[5].
[1] Labande, 1892, p. 27.
[2] Guyotjeannin, 1987, p. 19-24.
[3] M.G.H. S.S., t. IV, p. 462 - les droits sur le Sancerrois pour Eudes II vont s’accroitre en 1028 à la mort de Mathilde de Saint-Satur ; ces deux événements ne se contredisent pas comme le laisse penser Lemarignier.
[4] Dans cette tractation globale en 1015, le roi lui abandonne aussi Montereau-Fault-Yonne.
[5] Labande, 1892, p. 27.
Effectuons un rappel synthétique de l’histoire de cette ville où finalement nous avons beaucoup de données et où les zones d’ombre restent relativement faibles.
Sous les Robertiens, les comtes de Dreux font partie des fidèles des ducs même si leur comté est au second plan[1]. Au milieu du Xe siècle, il est aux mains d’un Landri qui a une fille pour toute héritière, Eve[2]. Celle-ci apporte des prétentions légitimes au titre comtal à Gautier Ier, comte de Vexin, en l’épousant. Mais ce dernier (qui meurt peu après 992) n’a pas eu d’héritier de ce premier mariage et avait divorcé d’Eve entre-temps. A l’orée de 990, on sait donc que le comté restera en déshérence. Son histoire devient alors une suite de convoitises entre les comtes de Blois, les ducs de Normandie puis les rois capétiens. De puissants lignages de milites locaux en profiteront pour accaparer le pouvoir sur la région[3].
En 990 et 991, Hugues Capet reçoit l’éphémère soutien d'Eudes Ier de Blois contre la coalition de Charles de Basse-Lotharingie et Arnoul de Reims, en échange de ce comté de Dreux vacant. Eudes adjoint alors ses propres fidèles aux chevaliers - milites castrenses - existants qui étaient sur place.
Cependant le normand Richard Ier puis son fils Richard II ont une place dans ce comté. Avant le traité de 911/13, le pagus carolingien de Dreux allait au nord-est aux limites de l’actuel département d’Eure-et-Loir, au sud-est il englobait Nogent et Coulombs, au sud-ouest il recouvrait la future seigneurie du Thymerais. Au nord-ouest il occupait certainement l’intérieur d’un arc de cercle allant du sud d’Ivry jusqu’à Nonancourt. Par ce découpage, les jarls normands se retrouvent alors comme les autres milites, avec des droits et des devoirs (comme la garde du château comtal) à Dreux.
Ainsi Dreux a pu faire l’objet de plusieurs sièges face aux normands : avec Richard Ier lors de la guerre de 991-993 contre Eudes Ier ; avec Richard II entre le décès de sa sœur et la paix de Coudres (vers 1005-1014). Entre-temps, en effet, préoccupé par l’Anjou, Richard II avait cherché une relation pacifique avec Blois en offrant à l’un des frères, le cadet Eudes II (qui aurait reçu de son frère aîné Thibaud II le comté « en apanage »), la main de sa sœur Mathilde, avec en dot la « moitié » normande de la châtellenie de Dreux, bénéfice que toute façon il maîtrisait très mal[4]. Or Mathilde décède peu de temps après sans avoir eu d’enfants et selon l'usage, Richard II souhaite récupérer cette dot. Ce que refuse net Eudes II de Blois.
En 1114 à Coudres (le lieu n’est pas choisi au hasard, il est exactement aux confins de l’ancien pagus de Dreux et de celui d’Évreux), sous l’égide du roi Robert est convenu d’un traité qui met fin aux revendications normandes de Dreux qui reste blésoise. Il a dû être stipulé que sa portion nord-ouest entre l’Eure et l’Avre, rattachée à la Normandie ne devait souffrir d’aucune médiation ni prétention du comte de Dreux (même si des milites drouais avaient des biens des deux côtés de la frontière). Richard II put aussi garder son château de Tillières-sur-Avre. Quant au roi, il a dû en profiter pour rappeler que pour ce comté il comptait bien exercer son rôle régalien dans la dévolution du titre comtal et qu’il ne l’estimait pas comme systématiquement héréditaire.
Si nous revenons à notre protagoniste, nous voyons que vers 1004, Eudes II récupère l’héritage de son frère Thibaud II décédé, il se fait à son tour représenté à Dreux et c’est par son cousin Hugues de Beauvais. Le blanc-seing du roi n’aurait pas été difficile à obtenir pour cette nomination qui satisfaisait, et le camp blésois, et la royauté. Le rôle de Hugues serait celui d’un véritable « vice-comte » remplaçant le comte Eudes dans l’administration du Drouais. Le siège de ce pouvoir de type vicomtal se déplacera progressivement à Nogent, fief familial, et plus éloigné du grand château de Dreux soumis aux droits multiples des différents milites castraux.
La numismatique nous conforte grandement dans nos propos[5]. Sur les deux ateliers monétaires crées ou utilisés par les comtes de Blois (Dreux et Nogent), nous trouvons deux types de pièces :
[1] Sassier, 1987.
[2] Chartres Saint-Père I, Lib. III, Cap. I, p. 55-56.
[3] Bauduin, 2004 ; Mesqui, 2011.
[4] Bauduin, 2004.
[5] Dumas, 1971, p. 206-207.
Des deniers frappés à Nogent (voir illustration supra) entre 1014 et 1022 étayent le fait que l’évêque Roger, comme à Beauvais, ait récupéré les principales fonctions de son frère Hugues dans le comté de Dreux tout en restant ici inféodé à Eudes II. C’est le titre d’évêque qui est mis en avant sur la monnaie car supérieur à un titre de type vicomtal. C’est le castrum de Nogent qui est gravé sur les pièces, lieu d’émission comme siège de ce pouvoir vicomtal.
Jusqu’à 1008, sur les monnaies similaires frappées pour Hugues de Beauvais, le seul changement est l’épithète de comte à la place de celui d’évêque. Là aussi on inscrit un titre qui est supérieur à celui de vicomte et il a trait à la fonction la plus illustre, celle de comte palatin. Il faut bien insister sur le fait que le comte officiel de Dreux entre 1004 et 1022 reste Eudes II.
Nogent est le siège d’une châtellenie, dépendante de Dreux et qui initialement était le lieu de résidence des avoués de l’abbaye de Coulombs toute proche.
Après 986, Roger de Blois, destiné à la cléricature est appelé à suivre l’exemple paternel en recouvrant la fonction d’abbé laïc (avec Roger nous dirions plus proprement d’abbé d’un établissement non réformé) de Coulombs. Peut-être est-ce aussi à ce moment que la dichotomie entre la part cléricale et la part laïque de l’héritage de Hugues de Blois se précise et Hugues de Beauvais aurait hérité du rôle de châtelain de Nogent. Au plus tard en 1004, nous l’avons vu, ce dernier occupe une charge assimilable à celui de vicomte de Dreux tout en résident occasionnellement à Nogent.
Dynamique en tant qu’abbé comme dans ses autres missions, Roger de Blois installa en 1001 dans le monastère de Coulombs laissé à l’abandon, un collège de six chanoines qu’il fera remplacer par des moines[1] à sa mort en 1022 par son successeur. La présence de sa parentèle à Dreux dut favoriser son dessein réformateur.
Après la mort de Hugues en 1008, nous avons vu Roger récupérer la charge de vicomte. Ensuite apparaît à Nogent la figure d’Isembart ou Erambert. C’est le fils d’un premier mariage de Renard de Broyes, époux de la sœur de Roger, Héloïse de Pithiviers. Son père mort, il représente avec sa belle-mère les intérêts de la maison de Blois et est alors majeur. Il s’installe comme châtelain de Nogent et la dichotomie entre seigneurie abbatiale et seigneurie châtelaine se perpétue.
Notons qu’à sa mort, Roger laissera son héritage d’abbé de Coulombs et les droits qui y sont attachés à Odolric, évêque d’Orléans, fils d’Héloïse de Pithiviers et de Renard de Broyes, demi-frère d’Isembart.
[1] Diplôme de Robert II, RHGF, X, p. 617.
Avant 940, Lietgarde de Vermandois épousa en premières noces le jarl Guillaume Ier avec en douaire une partie de la Madrie normande. La Madrie est un ancien pagus carolingien, démembré par le traité de 911/13. Il était à cheval sur l’Eure incluait à l’est Mantes et au sud Ivry.
A la paix de Coudres, nous voyons Roger de Blois récupérer le domaine d’Ailly dans cette Madrie normande et qui appartenait à Lietgarde de Vermandois. Il le rattachera à l’évêché de Beauvais.
Vers l'an 1015, nous voyons ce même Roger intervenir à Monchy-Lagache[1] en Vermandois, mais sans certitude de savoir à quel titre il le fit.
Nous voyons ensuite en 1024 que les neveux Odalric et Isembart possèdent une église dans le pagus de Châteaudun (Ursi Villaris – commune d'Ourvillier-Saint-Léonard)[2].
Surimprimons en vert sur une carte, les différents lieux où interviennent Hugues de Blois et ses descendants :
[1] Labande, 1892, p. 30.
[2] Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres : II, Lib VI, Cap. I.
(Fond de carte : Atlas de la France de l’an mil, Paris 1994 - complété par la Revue Archéologique de Picardie dans son 29ème numéro spécial[1])
Nous remarquons d’après la carte ci-dessus que les zones d’influence du lignage de Hugues de Blois se trouvent dans des lieux périphériques de la principauté thibaldienne. Il y a une présence encore plus marquée d’une part, sur l’axe d’échange Chartres-Beauvais et d’autre part, en différents lieux qui jalonnent les voies qui relient la Vallée de la Loire et la Champagne.
[1] Blary, 2013.
Abordons maintenant le dossier d’Héloïse de Pithiviers, la fille de Hugues de Blois.
Le site antique de Pithiviers est à la croisée des voies antiques Sens-Le Mans et Orléans-Reims. Au haut moyen âge, le site de déplace sur un promontoire plus facile à défendre. Pithiviers appartient à l’église d’Orléans. Nous ne savons rien sur l’origine des seigneurs laïcs qui aidèrent moyennant revenus les évêques orléanais à défendre la ville fortifiée. En cohérence avec ce que nous avons montré plus haut, nous pouvons hasarder qu’après le milieu du Xe siècle en accord avec les Robertiens et même le roi carolingien, un des fils de Thibaud le Tricheur fut pourvu de ce bénéfice. Et pour expliquer la suite, ce serait comme à Nogent / Coulombs, Hugues de Blois. Remarquons qu’à la même période, l’évêque d’Orléans était Ermenthée et dans un des rares actes que nous ayons de lui nous le voyons déposer les reliques de saint Lyé en l’église de Pithiviers. Peut-être est-ce lors de cette cérémonie en grande pompe que Hugues de Blois lui fit hommage pour Pithiviers. Quoi qu’il en soit à la génération suivante, Héloïse et son époux Renard de Broyes sont en possession de la ville. Héloïse sera toujours désignée comme la châtelaine de la tour maîtresse de Pithiviers : dès son veuvage par les chroniques du XIe siècle, puis par la Chanson de Garin Le Lorrain au XIIe siècle. Ce qui renforce notre conviction qu’elle était dotée de ce bien au sens matrimonial du terme lorsqu’elle épousa Renard, né de l’union d’un descendant de l’illustre famille carolingienne des Thierry et vraisemblablement d’une Fromonide de Sens[1].
Plus âgé qu’elle, ce vassal d’Herbert II de Troyes, le cousin d’Eudes Ier, avait eu d’un premier mariage au moins un fils, Isembart. Renard meut vers l’an mil lors d’un pèlerinage à Rome. Il avait eu avec Héloïse deux enfants : Odolric et Héloïse.
Jeune homme, nous avons vu Isembart réellement intégré à la famille blésoise, il sera chasé dans la seigneurie de Nogent au comté de Dreux en plus de recevoir l’héritage paternel à Broyes.
Son demi-frère Odolric sera évêque d’Orléans en 1022 (après une première tentative malheureuse en 1013), et après 1025, à la mort de sa mère, il sera seigneur de Pithiviers (ce qui démontre encore une fois que la ville était un bénéfice du côté maternel). En 1023, il récupère la seigneurie abbatiale de Coulombs et poursuit la réforme entamée par son oncle, l’évêque Roger.
Sa sœur Héloïse épousera le vicomte Geoffroy Ier du Perche.
[1] Bur, 1977.
Une question n’a jamais été résolue, ni même posée à notre connaissance : comment est-il possible que si près de l’axe Paris-Orléans, stratégique pour le domaine capétien, à Pithiviers, une tour maîtresse utilisant de grands moyens comme la maçonnerie en pierre fut érigée autour de l’an mil par l’un des architectes les plus réputés de son temps, Lanfroy ?
Des études castellologiques nous montrent une autre des œuvres contemporaines de Lanfroy : le donjon d’Ivry-la-Bataille[1]. Cet ouvrage « fameux, énorme et le plus fortifié » selon Orderic Vital[2] inspirera le château d’Avranches et au-delà la Tour de Londres. En plus d’être est un des premiers châteaux en pierre en Neustrie, Ivry innove en étant l’une des premières tours multifonctionnelles (espace d’habitation, ouvrage de défense, lieu de culte, etc.). Les chantiers de l’époque durent sur plusieurs années et les architectes comme Lanfroy peuvent travailler en parallèle sur plusieurs d’entre eux.
Certes, le donjon de Pithiviers apparaît plus modeste dans les écrits et gravures qui nous restent ; de plus, la haute cour castrale englobant la tour et la collégiale Saint-Georges semblent plus étroite que sur d’autres édifices fortifiés. Néanmoins les investissements pour un tel chantier sont conséquents pour l’époque et surtout cela ne peut passer inaperçu. Le château n’a pas pu se faire sans autorisation du roi.
Notre thèse permet de fournir des premières réponses[3] : le projet en plus de l’église d’Orléans et de ses revenus captés par la seigneurie de Pithiviers, associe le lignage de Blois au sens large et la famille de Broyes. Il va bénéficier du soutien actif du comte du Palais, Hugues de Beauvais et au-delà de Robert II et de sa concubine Berthe de Blois. Le terminus post quem de ce chantier est donc 997 et correspond au début de la période d’influence dominante de Blois à la Cour.
Auparavant, lors de la guerre entre Hugues Capet et Eudes Ier (991-996), non seulement cette initiative n’aurait jamais été autorisée mais au contraire, des châteaux du camp blésois ont pu être assiégés ou détruits : tel celui de Pithiviers dans sa version primitive, qui était situé à mi-chemin entre Chartres, appartenant au comte, et Melun, lieu de départ de cette guerre.
Finissons en revenant sur l’anecdote de l’époque affirmant qu’Alberède, épouse du comte d’Ivry, aurait fait exécuter Lanfroy pour qu’il ne puisse plus faire la démonstration de ses talents ailleurs. Alberède semble être une seconde épouse de Roger d’Ivry qui apparaît vers 1011. Si nous gommons les travers habituels des chroniques de l’époque – goût du sensationnel teinté de misogynie – nous dirons simplement qu’en plein cœur de la guerre entre Normandie et Blois (1008-1014), le comte d’Ivry ne pouvait pas prendre le risque que son architecte, responsable de deux chantiers, à Ivry et à Pithiviers, donc un dans chaque camp, puisse divulguer à l’ennemi une faille dans son ouvrage défensif. Il fallait le détenir et l’opération aura mal tourné. 1011 serait le terminus ante quem de la construction de nos deux donjons sous la direction du maître d’œuvre Lanfroy, même si des travaux ont pu reprendre sans lui par la suite.
[1] Mesqui, 2011.
[2] Vital, 1968 : 290.
[3] Ce thème est développé dans Bijard, 2019.
L’assassinat de Hugues de Beauvais est l’épisode le plus relaté et commenté de la vie de ce personnage. Nous en résumerons les faits. En 1004, Robert II épouse Constance une cousine du comte d’Anjou, Foulque Nerra. Berthe dont le mariage ne fut pas reconnu par Rome et qui n’a pas donné d’héritier au roi est éloignée de la Cour. Un nouvel équilibre entre les influences blésoises et angevines (en perpétuelle rivalité) au sein du gouvernement capétien semble s’établir. Mais à la fin de l’année 1007 l’équilibre est rompu par un rapprochement entre le roi, le comte de Blois et l’archevêque de Tours sous la houlette de Hugues de Beauvais. Pis, ce dernier favorise aussi le retour de Berthe de Blois dans le lit du roi Robert. Alors que ce dernier avait eu auparavant au moins une fille et un fils de la reine Constance et s’était donc assuré de laisser des héritiers.
Au printemps 1008, le comte d’Anjou, qui profite aussi de la rupture d’alliance entre Normandie et Blois-Chartres, envoie une douzaine de ses fidèles dans une véritable opération de représailles contre le comte du palais. Les angevins perpétuent leur crime lors d’une partie de chasse royale et s’enfuient. Mais le crime est grave, les chefs d’inculpation sont l’assassinat à la fois d’un Grand du royaume et d’un membre éminent du gouvernement royal ; de plus le crime s’effectue quasiment sous les yeux du roi, il y a donc lèse-majesté. Selon le droit romain, le comte Foulque Nerra encourrait la peine capitale par sa complicité : les hommes étaient ses vassaux et il leur avait procuré protection et refuge[1]. Mais à l’époque la coutume et les mécanismes de négociations et de régulation de la première société féodale sont à prendre en considération.
Rapidement à la Pentecôte 1008, un concile est convoqué par le roi à Chelles où sont présents treize évêques. Ils condamnent et excommunient le comte Nerra et de ses vassaux. L’abbé Hubert de Saint-Aubin parle au nom du comte angevin absent. Fulbert de Chartres en fin juriste, se propose de jouer le rôle de médiateur.
Après des tractations dont nous n’avons pas tous les détails, Foulque Nerra cherchera son pardon en effectuant son second pèlerinage en Terre Sainte en 1009. Il n’était pas au concile de Chelles car au même moment il faisait étape à Rome et donc discutait directement avec la Papauté.
Quant à ses fidèles, auteurs de l’assassinat, après avoir obtenu un sauf-conduit de Fulbert de Chartres, il les laisse au jugement et à la clémence du roi. Selon un verdict joué d’avance ils seront jugés à Compiègne. Nous rejoignons l’avis de certains historiens[2] qui rapprochent cet événement d’un passage « hagiographique » de Helgaud de Fleury[3] qui montre le roi dans ce palais faire libérer des conjurés qui avaient voulu attenter à sa vie. Ce qui permet d’en situer précisément la date : Pâques 1009.
Par ailleurs, reprenons l’analyse de J.H. Foulon[4]: la lettre de Jean XVIII contenue dans le récit d’André de Fleury, atteste que le légat pontifical s’attarda assez longtemps auprès du roi … notamment pour l’assassinat d’Hugues. Un synode, tenu avant le 1er octobre 1008, se déroula en présence du cardinal Pierre et d’un roi partagé entre la tristesse et la colère de voir Foulques lui échapper. Le légat Pierre repartit à Rome faire son compte-rendu au pape qui convoqua les deux partis pour Pâques 1009, sous peine d’excommunication. Par recoupement il apparait que la réunion de Compiègne a revêtu les traits d’un synode où fut présent le légat pontifical et les « douze » fidèles du comte d’Anjou.
Entre temps, le roi Robert a semblé réellement affecté par la disparition de son favori. Le gouvernement royal semble un temps atone. Par exemple, au synode de Chelles, nous le voyons signer un diplôme[5] en faveur de l’abbaye de Saint-Denis stipulant que le bourg dionysien avait été donné au monastère par le roi Dagobert. Les moines de Saint-Denis ont déjà l’art de forger l’histoire à leur avantage et de profiter des moments de faiblesse des capétiens.
[1] Foulon, 2007.
[2] Theis, 1999.
[3] Helgaud précise : « a duodecim iniquae conspirationis ducibus mors ».
[4] Foulon, 2007.
[5] Lemarignier, 1971.
La réorganisation du gouvernement capétien après la mort de Hugues de Beauvais est très difficile à appréhender. Le roi, peu après les événements de l’année 1008[1], part à Rome avec Berthe de Blois, laissant Constance seule dans la villa de Theil-sur-Vanne près de Sens. Cette une période pénible pour la reine, elle recoupe la période de naissance de son second fils, Henri. Ayant fourni plus qu’un héritier à la Francia[2], son rôle est affaibli. L’arrivée du futur roi Henri Ier correspond donc à un moment difficile pour le couple et les relations psycho-affectives entre Constance et son fils cadet en seront durablement affectées.
Finalement le roi n’obtiendra toujours pas l’autorisation pontificale de convoler avec Berthe et reviendra auprès de Constance.
Après 1008, nous l’avons vu, débute le conflit bléso-normand autour de Dreux. La royauté va réagir et dans un premier temps, Robert le Pieux confie à Guillaume de Montfort les châteaux de Beynes et d’Épernon. Bien avant la paix de Coudres, le roi aidé d’un fidèle dans la région, avance ses pions opportunément, côté normand comme côté chartrain.
L’histoire de la branche familiale qu’incarne Hugues de Beauvais se poursuit au travers de ses neveux. Mais un événement va bouleverser la Maison de Blois.
En 1021, Étienne Ier de Vermandois, comte de Troyes, de Meaux et d'Omois (Château-Thierry) se meurt. Il n’a pas de successeur direct et son cousin Eudes II de Blois est le mieux placé pour lui succéder. Le roi use de son droit d’intervenir dans la succession car laisser tout l’héritage à son filleul déséquilibrerait les rapports de force dans son royaume et affaiblirait la royauté. En échange de la confirmation régalienne, le comte de Blois devra céder ses droits comtaux à Reims à l’archevêque[3], par un mécanisme ressemblant à ce qui s’est passé à Beauvais six ans plus tôt. Mais aussi, pour nous, c’est durant cette période que Robert II exige que le comté de Dreux, détaché depuis 991, retourne dans le domaine capétien, d’autant plus que l’évêque Roger de Blois disparaît de la scène en 1022. À un moment la négociation s’envenime à propos de la cité de Reims. Le roi en vient à ne plus reconnaitre aucun des bénéfices comtaux du thibaldien. Un état de guerre larvée est même perceptible dans la province de Reims où le roi peut observer la compétition entre l’archevêque Ebles et Eudes II dans la possession du comitatus. Si les sources écrites sont peu abondantes, l’archéologie vient étayer ces faits – à Château-Thierry des traces d’un incendie du château ont été datées à une période compatible avec les années 1021-1024[4].
Le roi et le comte sont réconciliés au plus tard début 1025. Eudes II est officiellement investi comte de Troyes et de Meaux[5]. Il n’est plus comte de Reims mais en contrepartie il a pu vendre cette charge à l’archevêque Ebles. Il n’est plus comte de Dreux mais il a pu récupérer le titre de comte palatin auquel il devait prétendre depuis un moment. La mission aulique que véhicule ce titre disparaît même si en assemblée, quand Eudes II est présent, le comte du palais signe après le roi. Finalement, la seule menace pour la jeune dynastie capétienne serait qu’en cas de carence du pouvoir, les comtes de Blois et Champagne se mettent en position de régent du royaume. Le « miracle capétien » a permis d’éviter ce cas de figure.
[1]Daté d’après le récit d’Odorannus de Sens, p. 100.
[2]Avec au moins une fille et deux fils, Robert II se garantissait de fournir un héritier au duché de Bourgogne, objectif tout aussi important, cf. Bijard, 2021.
[3] Bur, 1977.
[4] Blary, 2013.
[5] Il s’avère que l’ouest du Meldois (Dammartin) fut aussi l’objet de tractations, cf. Bijard, 2020.
Pour les neveux de Hugues de Beauvais, les événements durant cette période sont :
A la mort d’Isembart, c’est son fils aîné Hugues de Broyes dit Bardoul qui lui succède. Comme nous avons beaucoup plus d’actes et de diplômes portant la signature de Hugues Bardoul, son rôle (et donc celui de ses aïeux) dans le Dreugésin peut être confirmé. Par exemple[1], observons ce Gaston seigneur en Thymerais (Thimert) mais que nous voyons aussi à Illiers-L’Evêque, à Anet-Sorel et à Croth où il fonde un prieuré. La charte de fondation de ce prieuré traduit un lien de vassalité entre Gaston et Hugues. Au vu des lieux que nous venons de mentionner, ce lien ne peut se faire au travers de la simple seigneurie de Nogent, en revanche cela découle bien de la charge de type vicomtal qu’exerce Hugues Bardoul dans tout le Drouais.
Quand Odalric meurt en 1033, c’est son neveu Isembart d’Orléans qui lui succède à l’évêché. Son fief de Pithiviers est partagé entre ses deux neveux Hugues Bardoul et Isembart.
Autour de 1040, Hugues Bardoul s’allie avec ses cousins, les fils d’Eudes II (les liens lignagers étaient encore forts à cette génération), en révolte contre le roi Henri Ier. Les terres de Hugues sont dévastées dont Nogent puis Pithiviers dont le siège ne dure pas moins de deux ans (1042-1044), permettant au roi des opérations de police dans le voisinage à Méréville et à Yèvre-le-Châtel. Hugues perd la ville de Pithiviers au bénéfice du roi et devra renter en grâce pour la récupérer en viager. De toute façon, Henri Ier place cette ville reconquise dans l’orbite royale par l’intermédiaire de l’évêque d’Orléans, assisté du prévôt royal orléanais.
[1] Diplôme de Robert II, RHGF, X, p. 617.
Finalement après 1058, la fille de Hugues Bardoul, Isabeau, transmettra par son mariage, la seigneurie de Nogent à la famille des Montfort-l’Amaury. Ce sont les descendants directs de Guillaume du Hainaut qui auront réussi à constituer un « honneur » dans le sud-ouest de la région parisienne profitant des événements et des aléas qui affectèrent les descendants indirects de Hugues de Beauvais. Ce dernier, en plus de ses diverses charges, comme ses contemporains, savait la nécessité d’avoir une assise territoriale et son dessein s’était porté sur le Drouais, les Yvelines et surtout le Nogentais (dont le bourg castral eut un atelier monétaire actif, qui fixa même une communauté juive connue pour ses activités de prêt en numéraire). Coincé entre les intérêts souvent divergents de la royauté et de la maison de Blois, cet objectif restait intrinsèquement fragile.
Ce sont bien désormais des familles châtelaines implantées en Ile-de-France qui vont exercer une influence croissante sur le gouvernement et la cour. Le diplôme de roi pour le monastère de Coulombs[1] en 1028[2] montre bien un abaissement du niveau social des souscripteurs. Ainsi avec la disparition de Hugues de Beauvais, disparait aussi le dernier « fonctionnaire » aulique de type carolingien : issu de la haute aristocratie, lié aux membres d’une ou plusieurs principautés territoriales et ayant des intérêts et des bénéfices encore diversifiés – car tous ne découlant pas de la faveur royale, ce qui ne sera pas le cas d’un Étienne de Garlande, près d’un siècle plus tard. Nous touchons là concrètement une des mutations ou du moins une des évolutions majeures de l’an Mil.
[1] RHGF, X, p. 617.
[2] Lemoine-Descourtieux, 2011.
Version initiale : 25 novembre 2018.
Version du 27 septembre 2021 : ajout d’une section bibliographique ; refonte des notes de bas de pages ; compléments divers.
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= Merlet, Lucien - Histoire de l'abbaye de N.-D. de Coulombs, rédigée d'après les titres originaux, 1827-1898 – Chartres, Librairie Petrot-Garnier, 1864.
Mesqui, 2011
= Mesqui, Jean - Les seigneurs d'Ivry, Bréval et Anet aux XIe et XIIe siècles ; châteaux et familles à la frontière normande - Société des antiquaires de Normandie, 2011.
Pfister, 1885
= Pfister, Christian – Etude sur le règne de Robert le Pieux (1996-1031), Paris.
Riché, 1987
= Riché, Pierre - Gerbert d'Aurillac. Le pape de l'an mil - Arthème Fayard.
Sassier, 1987
= Sassier, Yves – Hugues Capet : Naissance d'une dynastie, Ed. Source : Fayard, 1987.
Sassier, 2004
= Sassier, Yves – Structures du pouvoir, royauté et res publica (France, IXe-XIIe s.), Presses universitaire de Rouen, 2004.
Settipani, 1993
= Settipani, Christian – La préhistoire des Capétiens (481-987), tomes I et II, Villeneuve d’Ascq (avec la collaboration de P. Van Kerrebrouck).
Settipani, 1997
= Settipani, Christian – Les comtes d’Anjou et leurs alliances aux Xe et XIe siècles, in K.S.B. Keats-Rohan (éd.), Family trees and the Roots of Politics, Woodbridge, 1997.
Settipani, 2000
= Onomastique et Parenté dans l'Occident médiéval, éd. K. S. B. Keats-Rohan et C. Settipani, Oxford, 2000. Les vicomtes de Châteaudun et leurs alliés – Hors-Série, p.259-260 ; version en ligne disponible (en particulier p. 3 et 4) : https://users.ox.ac.uk/~prosop/prosopon/issue10-4.pdf
Theis, 1999
= Theis, Laurent - Robert le Pieux, le roi de l'an mil – Perrin, 1999.
A/ Extrait de l’acte concernant Guiperrreux[1] (authenticité : faux sincère[2])
Donation aux religieux de Saint-Barthélemy et Saint-Magloire par le roi Robert II à la prière de sa mère, la reine Adélaïde, et de son conseiller, Hugues, du village de Guiperreux avec le ban, la voirie et des terres à Méré.
+ Ego in Dei nomine R[obertus], gratia Dei Francorum rex, notum volo esse omnibus sancte Dei ecclesie cultoribus, nostrisque fidelibus tam futuris quam et presentibus, quia memor divini judicii et anime me precessorumque meorum salutis, per deprecationem gloriose genitricis mee, Adelaidis regine, et per exortationem domni Hugonis, educatoris et consiliatoris nostri, ad exaltandam et corroborandam congregationem Sanctorum Batholomei atque Maglorii, concedimus quandam villam, sitam in loco Petrosivadi, cum omnibus appendiciis et consuetudinibus, id est bannum et variam et omnes terras Mairiacum pertinentes ; super hec etiam omnia, concedimus prenominatis sanctis decimas omnium stirpetum silve, que dicitur Evline, et decimationem pasnatici totus saltus Evline. Si quis autem successorum nostrorum, quod omnino non credimus esse futurum, contra hunc traditionis et donationis cyrografum venire aut infringere temptaverit, divine maledictioni et perpetur dampnationi subjaceat, et sit pars ejus in inferno interiori cum Dathan et Abiron, Symone atque Pilato, et Juda, Domini traditore, in perpatuum. Fiat, fiat. Actum Parisius, regnante Rotberto rege, adolescentulo, in anno II, cum gloriosa matre sua, Adelaide regina.
S. Rotberti regis. S. Adelaidis regine. S. Burchardi comitis. S. Hugonis comitis. S. Ansoldi. S. Hugonis Melletensis.
B/ Extrait de l’acte concernant les moulins de Senlis (authenticité : peu fiable[3])
Robertas gratia Dei Francorum rex. Notum sit omnibus tam presentibus quam et futuris hec nostre auctoritatis instituta : est in suburbio nomine Vitello, Silvanectis civitatis, super One fluvium, farinarum quem tenet fidelis noster Walterus Selans cum hospitibus et pratis et altero molendino pertinentem ad eum. Hunc itaque farinarum, cum altero et hospitibus et pratis, per deprecacionem ejusdem Walteri, concedimus perpetualiter Deo et Sancto Maglorio ac monachis ejus, ita ut, quamdiu idem Walterus vixerit, teneat atque possideat, solvendo censum festivitate sancti Maglorii quinque solidorum ; post decessum autem ejus, revertatur cum omni integritate ad Sanctum Maglorium. Ut autem hee littere firmiores sint, eas propria manu firmavimus, fidelibusque nostris corroborari jussimus. Si quis autem hanc cartam destruere conatus extiterit, anathema sit, et sit pars ejus in inferno interiori, cum Dathan et Abiron, Symone atque Pilato et Juda, Domini traditore, in perpetuum. Fiat. Fiat. S. Rotberti regis. S. Burchardi comitis. S. Hugonis comitis. S. Ansoldi. S. Hugonis Melletensis.
C/ Extrait de l’acte fait à Avallon pour Saint-Pierre de Beaune (authenticité : fiable)
[4] : confirmation de possessions à Beaune pour Saint-Bénigne de Dijon.
…. Oddo, vice comes Belno castri, serenitatem nostram, interventu Ottonis comitis et Vualterii Augustid. episcopi … Signum ROTBERTI REGIS. Signum episcopi Fulconis. S’ Ottonis comitis. S’ Widonis comitis. S’ Hugonis comitis. S’ Rodulfi comitis. S’ Bruchardi. S’ Rainaldi comitis. S’ Walteri episcopi. S’ Odonis vice comitis. Actum apud Avalonem castrum, in obsidione. indictione. III., epacta. VII., regnante Rotberto rege X et VIII.
D/ Extrait de l’acte de 1008 pour Saint-Denis[5]
Robert, roi de France, à la prière de l'abbé Vivien, cède à l'abbaye de Saint-Denis divers droits de justice, les environs de Saint-Denis, la forêt de Rouvray et renonce aux redevances coutumières qu'il percevait à Villepinte, Rueil, Féricy : … Cujus petitioni assensum prebentes, cum dono priore patris nostri gloriosissimi regis, ac preclarissimae genitricis, pro salute ac remedio animarum eorum ac nostrae, immo pro salute animae fidelis nostri Hugonis, damus Deo ac sancto DYONYSYO, quasdam res juris nostri cum conjuge ac filiis nostris, hoc est bannum hominis vulnerati vel interfecti, et infracturam intra vel extra castellum ipsius coenobii, et legem duelli quod vulgo dicitur campus, ac totam procinctam intra vel extra, sicut antiqui reges ei dederunt, et nos hactenus tenuimus; ac Vassonisvillam cum appendiciis suis, et prata quae ab eadem villa usque ad murum pertingunt, ac Rubridum silvam cum legibus quae ex ea fiunt, et quod in Villa Picta, vel fisco Ruoilo, vel Ferriciaco tenebamus, omnes videlicet consuetudines quas ibi habebamus cum omni integritate …
E/ Extraits de la notice d’Helgaud de Fleury
… Crescens quippe aetate et vir factus virtute totam terram sanctae Crucis, quam Fulco episcopus pro adjutorio sui Hugoni potentissimo Belvacensi dederat ; hic vir Dei, qui laude et verbo omnipotenti complacebat Deo, moesto factus animo, per saecula celebrando salutiferae Crucis loco suo reddidit dono.
F/ Extrait de Raoul Glaber (III, 2, p.58)
… Exitit tamen aliquando quidam Hugo, dictus Belvacensis ; qui inter ipssum regem ejusque conjugem nequam semen odiis spargebat suique gratia premii reginam ei fecerat odiosma. Tantam denique insuper gratiam a rege consecutus fueret ut comes palatii nageretur, factumque est ut die quadma rex in silva venatum iret, idem Hugo, ut semper solebat, cum illo, veneruntque missi a Fulcone, Andegavorum comite, cognato scilicet ejusdem regine, fortissimi milites duodecim qui supradictum Hugoneme ante regem trucidaverunt. Ipse vero rex, licet aliquando tempore tali facto tristis effectus, postea tanem, ut decebat, concors regine fuit.
[1] RHGF, X, p. 574.
[2] D’après C. St-Magloire, n°2 p. 58-60.
[3] D’après C. St-Magloire, n°5 p. 68-69.
[4] C. St-Bénigne, n° 233.
[5] Cf. http://telma.irht.cnrs.fr/outils/originaux/charte3053/